Découverte Tbilissi, à la croisée des mondes
Entre Orient, Occident et Russie, la séduisante capitale de la Géorgie se réinvente autour du vin, de la gastronomie et du design, sur l’ancienne route de la soie.
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Même au cœur de la vieille ville de Tbilissi, les treilles débordent de grappes de raisin… Des vignes courent le long des façades des maisons à larges balcons de bois ouvragés.
En surplomb de la capitale, la statue de Kartlis Deda, mère du peuple, tient un glaive dans une main, un bol de vin dans l’autre. Le précieux nectar fait partie du patrimoine géorgien. C’est sur ces terres du Caucase qu’il serait né, il y a plus de 8 000 ans, selon des résidus retrouvés dans des poteries néolithiques.
Des vins naturels
Au Ve siècle, ces crus faisaient les délices de la cour du Shah de Perse. L’époque soviétique sonna, elle, l’heure de la production de masse pour approvisionner toute l’ex-URSS. Aujourd’hui, des bars spécialisés proposent des vins naturels macérés en qvevri, une jarre de terre cuite enfouie dans le sol.
Il faudra attendre septembre pour que les grains mûrissent. L’été, ce sont les figues qui exhalent leur parfum entêtant à travers les ruelles pentues. Des hommes jouent au backgammon à l’ombre des arbres, une cigarette à la main. Certains ont arpenté, dès l’aube, le marché aux puces, où des statues de Lénine et de Staline trônent au milieu de cornes à boire de toutes tailles. La jeunesse préfère se poser à la Fabrika, ex-usine textile investie par des cafés et des boutiques de créateurs.
Le quartier des bains s’étire sur les rives de la Koura, plus grand fleuve de Transcaucasie. Là, une odeur de soufre saisit les narines. Des dômes de pierre surgissent du sol, devant la façade en mosaïque bleue des bains Orbéliani, tout juste rénovés. Ces thermes furent fréquentés par Alexandra Dumas et Pouchkine.
Dans les merveilleuses églises orthodoxes, les sens sont de nouveau mis en éveil, cette fois par les émanations d’encens et les psalmodies emplies de ferveur. La Géorgie devint chrétienne en 327, après que sainte Nino a convaincu la famille royale de se convertir. À 15 km de Tbilissi, à Mtskheta, la foule se recueille au monastère de Djvari : la religieuse y aurait marqué son passage d’une croix formée de… deux sarments de vigne. Mathilde Giard
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